Léon, mon hypersensible
J’ai longuement hésité avant d’en parler, pour respecter le jardin secret de mon enfant… la pudeur aussi et le jugement. Il est parfois plus simple de montrer une photo que de parler de son propre enfant. Les réseaux sociaux véhiculent tellement de messages. Je ne voulais pas tomber dans le cliché « mon enfant est extraordinaire, différent : conclusion c’est le meilleur » . Comme tout parent, je me sens parfois démunie face aux émotions de mon enfant. Il me semblait intéressant de vous parler aujourd’hui des émotions et plus précisément de l’hypersensibilité.
Qu’est ce que c’est, l’hypersensibilité ?
Je suis tombée un peu par hasard sur ce mot, il y a 8 mois environ. Je suis tombée sur un article assez intéressant dans un magazine, « l’hypersensibilité chez l’adulte ». J’ai eu une vraie prise de conscience, une révélation. J’ai reconnu le caractère de Léon.
L’hypersensibilité, en psychologie, est une sensibilité plus haute que la moyenne, provisoirement ou durablement, pouvant être vécue avec difficulté par la personne concernée elle-même ou perçue comme « exagérée », voire « extrême », par son entourage.
Mon petit bonhomme de 4 ans et demi qui partage notre vie est emphatique, intuitif, créatif, il accorde beaucoup d’importance aux détails. Il sature souvent d’informations et il explose littéralement lors de ses frustrations et agacement. Léon peut sembler « timide » mais il a tout simplement besoin d’être en terre connue pour se sentir bien. Il n’aime pas l’imprévu, c’est un contemplatif à fleur de peau. Souriant, généreux et très doux, il a aussi un caractère, bien affirmé. Comme tout enfant, il a des forces et des faiblesses.
J’ai commencé à creuser le sujet des émotions suite à quelques colères que je n’arrivais pas expliquer et à des événements du quotidien un peu déroutant. J’avais gardé en mémoire un discours de ma pédiatre deux ans auparavant « Votre enfant à des signes hypersensibilité ».
Les premiers comportement dit « sensibles qui nous ont interpellés
Léon à toujours été très réceptif à son environnement. Bébé, il était calme et très observateur. Réceptif assez vite aux émotions des adultes, il s’est montré très vite démonstratif. Ses ennuis de santé lié à une malformation cardiaque ont développé une grande capacité d’écoute et une force intérieur. Je ne sais si aujourd’hui ses séjours à l’hôpital ont accentué cette sensibilité ou non. Son histoire est riche et je ne suis pas en mesure d’affirmer un lien de cause à effet.
Lors des premiers contacts avec les autres, il était plutôt craintif, n’osant pas aller jouer au parc. Source de stress chez lui. Des petits détails que je trouvais amusant ou même à la limite d’un caprice vers l’âge de 2 ans, se révélaient pour lui être une vraie souffrance. Ne pas aimer se salir, sentir un bouton de pantalon trop froid, ranger et tout ritualiser…
Et puis j’ai pris conscience de ce que je déteste utiliser comme mot : une différence.
-Sauter dans une flaque d’eau ! Non Jamais !
-Traumatisé à la vue de la gadoue!
-Renverser de l’eau sur son pyjama, colère assurée!
-Ne pas réussir à se décider et finir par pleurer.
-S’émouvoir de la beauté de la robe d’une animatrice et en pleurer jusqu’à très tard dans la soirée.
La maternelle et les premières confrontations
La première année de maternelle m’a fait prendre conscience de sa richesse intérieure et de ses petits détails d’hypersensible que l’on a appris à déchiffrer. Hypersensibilité ou non, écouter un enfant c’est prendre un chemin tout à fait différent de notre propre réflexion d’adulte. L’entrée en maternelle bouleverse la vie d’un enfant, il a fallu redoubler d’effort et de patience.
Peindre avec ses doigts encore aujourd’hui est un refus catégorique, je me souviens de sa première peinture à l’école, il a explosé de colère lorsqu’on lui a demandé de mettre un tablier, pour lui, il était inconcevable de se salir sauf qu’il a bien fallu se plier aux « régles » de la collectivité. Première grosse souffrance: l’école et la vie en collectivité.
Solutions et accompagnement
Je ne pense pas qu’il y est besoin d’un suivi régulier tant que l’hypersensibilité ne vient pas assombrir le quotidien et que l’enfant ne soit pas en souffrance. Léon est épanoui, heureux et bien dans sa peau. C’est à nous parent de faire le cheminement et surtout d’apprendre à nous apaiser face aux particularités de notre enfant. Comprendre Léon et avoir un regard extérieur sur son caractère nous a permis de nous libérer dans notre rôle de parent. Trouver la bonne éducation, être là pour l’accompagner mais aussi parfois le « bousculer ».
Je comprends mieux les explosions de colère pour un dessin raté ou un lego qui ne s’emboite pas ou il faudrait. Je comprends aussi bien mieux sa vulnérabilité face à l’inconnu. J’essaye de rentrer au mieux dans son imaginaire et de lui offrir encore plus d’histoires. Je me dis qu’il doit nous faire confiance et que l’on doit être son meilleur allié, car jamais il sera un incompris au sein de sa propre famille.
J’espère vous avoir un peu éclairé via notre expérience, je ne sais pas ce que la vie nous réserve mais nous avons une chance incroyable de vivre à travers le regard de nos enfants. Profitons-en!
2 commentaires
Sibylle
Oh. Comme cet article me fait du bien à lire. Durant mon enfance personne n’a sû mettre ce mot « d’hyper sensibilité » avant mes 16 ans. Comme tu le dis à un moment, ces ressentis vivement vécus au moment de l’enfance m’ont tout simplement donné une image horrible de moi même : entendant constamment que j’étais « un caractère difficile », « un poison », « une enfant pas simple », « une enfant compliquée » etc. Alors que je ne souhaitais qu’être tranquille… Même encore aujourd’hui, je dois lutter contre ce que tu soulignes si bien : les règles de la vie collective. Ahlalala. Toute une thématique ! et des années à travailler dessus de mon côté pour « rentrer dans le moule » (et finalement en ressortir puisqu’il n’est tout simplement pas fait pour nous mais en comprenant pourquoi cette fois).
Bref, je suis désolée de rendre ce commentaire hyper égocentrique mais ça me fait tant plaisir de lire
– des parents à l’écoute, qui ne jugeant pas leur enfant comme « étant de la mauvaise graine »
– une meilleure prise en charge (ce n’est pas le bon terme, mais je n’en trouve pas de plus pertinents… un meilleur « diagnostic » ? Je ne sais pas)
– une acceptation des ressentis
Je suis contente de savoir qu’il y a des petits Léon qui maintenant pourront vivre plus sereinement cette hypersensibilité qui, si elle est acceptée, peut être une magnifique force à l’avenir 🙂
Merci pour ton article <3
helene
Merci à toi d’avoir évoqué ton hypersensibilité ici, vous êtes de belles personnes. C’est un long et merveilleux chemin que l’on va mener en tant que parents. 😉